Brèves vide-grenier, Sud Kivu…

Chères et chers Amis,

 

Le comité de Vivere espère que cet été aura comblé vos attentes en vous offrant de nombreux beaux moments.

Trois brèves :

 

1°  L’opération vide-grenier du 15 août : un franc succès, à renouveler !

Résultat net : CHF 1’383. Plusieurs parmi vous avez su aider ou assister Neyssan Falahi, inspirateur et artisan de l’opération, ce qui a donné un joli travail d’équipe dont la photo attachée témoigne.

Les prochains vide-greniers auront lieu, si le temps le permet, les samedi 12 septembre et 26 septembre de 8h à 14h sur la place de la Riponne, Lausanne. Si vous souhaitez faire don d’habits, livres, bibelots, meubles, appareils divers, contactez s.v.p. Neyssan au 078.878.84.08, neyssan.falahi@gmail.com . Dans la mesure du possible merci de soutenir l’équipe en visitant le stand et/ou en nous aidant à vendre, pour faire connaître l’association. Et peut-être le plus important : n’hésitez-pas à en parler autour de vous.

 

2°  Les violences font rage au Sud Kivu, RdC.

Dans la plaine de la Ruzizi ainsi que sur les moyens et hauts plateaux qui la dominent, non seulement les populations civiles sont contraintes de fuir leurs villages d’origine (cf article du HCR attaché à cet envoi), mais de plus les défenseurs des droits humains sont traqués, (cf article en pied de page de la rapporteuse spéciale pour l’ONU). Quatre militants de l’ACMEJ, notre partenaire depuis 5 ans, ont du s’éloigner de leurs bases dans le district de Lemera pour entrer en clandestinité.

 

3°   Assistance directe aux femmes victimes du trafic des êtres humains.

Depuis le début de cette année le travail de Vivere a pu s’intensifier de manière significative dans la région du Golfe Persique où nous collaborons désormais avec une petite équipe sur place qui agit en permanence. En sept mois, 93 victimes ont été identifiées. 53 d’ente-elles ont demandé et reçu une assistance sous une forme ou l’autre, dont la principale est le rapatriement légal dans leur pays d’origine. Ci-après est la synthèse de deux cas où l’issue a été la libération puis l’organisation du retour sécurisé.

 

Histoire de H, victime féminine du trafic pour exploitation sexuelle, originaire d’Ouzbékistan. Mars 2009.

H. qui avait à peine 21 ans à l’époque, faisait la plonge dans un restaurant de sa ville natale. Il y a un an environ, un de ses collègues lui promet un travail dans un supermarché dans un pays de la région du Golfe Persique ; il l’aide à préparer le visa et le billet d’avion. En arrivant à l’aéroport de destination, H est accueillie par une certaine L, qui lui prend aussitôt le passeport sous prétexte de faire régulariser le visa, et l’emmène dans un hôtel. En présence de deux malabars, elle apprend qu’elle doit désormais à L une somme de $ 18’000, et qu’elle devra travailler comme prostituée pour rembourser cette dette et récupérer son passeport. L promet qu’elle enverra de l’argent au père de H, mais celle-ci apprendra plus tard que durant les 8 mois qu’elle a travaillés pour L, son père n’a reçu que $ 200 seulement tandis que L a utilisé le reste pour soi-disant payer les frais générés par H, tels son logement et sa nourriture. H a ensuite été arrêtée par la police et se trouvait détenue dans la prison de X lorsque nous l’avons trouvée ; puis nous avons obtenu un laissez-passer pour elle. Nous avons aussi demandé à l’autorité locale de lui procurer un billet d’avion retour dans son pays, et ainsi le 9avril, soit 5 semaines après que nous l’ayons rencontrée pour la première fois, elle a pu être rapatriée auprès de sa famille en Ouzbékistan. H n’a pas voulu être assistée à l’arrivée par notre partenaire Istiqbolli Avlod, parce que sa famille l’attendait à l’aéroport et elle ne voulait surtout pas que ses parents sachent ce qui lui était arrivé. Depuis lors elle a tout de même pris contact avec l’équipe d’Istiqbolli Avlod.

 

 

Histoire de E, victime féminine du trafic pour exploitation sexuelle, originaire de Russie. Avril 2009

Il y a environ un an et demi, une amie de E lui promet un emploi comme vendeuse dans un pays du Golfe Persique. Le répondant sur place l’accueille à l’aéroport à l’arrivée et confisque son passeport, expliquant qu’elle lui devait $ 2’300 pour les frais de visa. Quand il lui dit plus tard qu’elle devra travailler dans la prostitution elle était trop effrayée pour refuser, car elle venait d’assister au tabassage d’une autre fille qui avait tenté de s’enfuir. L’homme, ainsi que deux autres femmes auxquelles il a plus tard revendu la jeune E, prétendaient envoyer un peu d’argent à sa famille ; en usantd’un stratagème pour être autorisée à téléphone une fois à ses parents, elle a découvert que c’était mensonge. Les trafiquants l’ont sévèrement battue suite à cet appel.

Après 3 mois, E a réussi à s’échapper et se réfugier chez une femme qui l’a acceptée sans son logement. Comme E voulait vraiment rentrer dans son pays, elle s’est présentée à la police en invoquant qu’elle avait perdu son passeport et souhaitait donc obtenir un laissez-passer auprès de son ambassade. Cependant, après interrogatoire la police a conclu qu’elle ‘travaillait’ ; elle a ensuite été condamnée à 3 ans de prison pour prostitution. Heureusement, après 10 mois de détention elle a été amnistiée, mais ceci n’incluait pas l’allocation d’un billet de retour ; alors, Vivere a saisi la délégation de l’OIM à Moscou, qui a accepté de financer le billet retour. E est donc rentrée à Moscou en même temps que A, avec laquelle elle avait lié amitié en prison, et y a été admise dans la maison d’accueil de l’OIM.

 

 

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RDC : Les défenseurs des droits de l’homme face à un environnement difficile – expert

Margaret Sekaggya.

3 juin 2009 – Les défenseurs des droits de l’homme en République démocratique du Congo (RDC) sont toujours confrontés à un environnement difficile malgré la volonté du gouvernement de construire une société démocratique, a déclaré la rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Margaret Sekaggya, à l’issue d’une visite officielle dans ce pays du 21 mai au 3 juin.

« Après des décennies de dictature, la RDC est engagée sur la voie d’une transitionpolitique, économique et sociale. Cependant, un environnement propice aux activités des défenseurs des droits de l’homme y fait toujours défaut », note-t-elle dans un communiqué.

Dans le cadre de sa mission, Margaret Sekaggya s’est rendue à Kinshasa, Kananga (Kasaï Oriental) et à Bukavu (Sud Kivu). Elle a rencontré les autorités nationales et provinciales, des représentants de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) et des représentants de la société civile et des défenseurs des droits de l’homme.

Elle se félicite de la volonté politique du gouvernement de construire une société démocratique et rend hommage aux défenseurs des droits de l’homme pour leur courage. « La première inquiétude exprimée concerne la stigmatisation dont ils font l’objet, aussi bien dans la capitale que dans les provinces, de la part des autorités et des acteurs non étatiques, en étant considérés comme des “ennemis” ou des “opposants” », dit-elle. « Cette conception erronée alimente la méfiance et la suspicion et constitue la principale source d’insécurité pour les défenseurs. Les défenseurs sont particulièrement exposés à des menaces et à des agressions lorsqu’ils soutiennent des victimes de graves violations, notamment de violences sexuelles; lorsqu’ils luttent contre l’impunité etexpriment leur soutien à la Cour Pénale Internationale (CPI) et lorsqu’ils dénoncent l’exploitation illégale des ressources naturelles. Les défenseurs sont également victimes de harcèlement judiciaire lorsqu’ils dénoncent les violations des droits de l’homme ».

L’autre motif de vive préoccupation est l’impunité généralisée dans les cas de violations des droits des défenseurs des droits de l’homme. Il y a parmi les auteurs de violations des droits des défenseurs aussi bien des policiers, des militaires, des agents des renseignements que des membres de groupes armés. Les plaintes présentées par les défenseurs font rarement l’objet d’une enquête approfondie et souvent les procès n’atteignent pas les standards internationaux en matière de procès équitable.

Pour améliorer la situation des défenseurs des droits de l’homme, Mme Sekaggya recommande au gouvernement et aux autorités provinciales de prendre des mesures concrètes pour conférer une légitimité à leurs activités; de reconnaitre que les activités en faveur des droits de l’homme et les critiques adressées augouvernement et à ses agents font naturellement partie d’une société démocratique; et de sensibiliser les fonctionnaires de police, de l’armée, des renseignements et du système de justice au rôle et aux activités des défenseurs des droits de l’homme.

Elle recommande par ailleurs au gouvernement de condamner publiquement les assassinats et autres graves violations des droits de l’homme commises contre les défenseurs des droits de l’homme; d’enquêter sur toutes les violations des droits de l’homme commises contre les défenseurs, de juger dans le cadre d’un procès équitable les auteurs présumés et de les condamner s’ils sont reconnus coupables.

Elle suggère aussi au gouvernement d’adopter des lois au niveau national et au niveau provincial sur la protection des défenseurs et de renforcer considérablement la capacité du système judiciaire, surtout dans les provinces, pour lui permettre de rendre une justice indépendante, efficace et responsable.

La rapporteuse spéciale recommande à la MONUC et au Haut commissariat aux droits de l’homme de renforcer les effectifs et les moyens financiers du Bureau conjoint des droits de l’homme et d’assurer la continuité du programme sur la protection des victimes, des témoins et des défenseurs des droits de l’homme.