Chères et chers Membres et Amis,
Nous vous remercions de consacrer quelques instants à ces Brèves, car le travail que nombreux parmi vous soutenez se poursuit sans relâche. Nos causes ne connaissent pas de répit.
1° Syrie
En août, 45 enfants étaient aidés par l’équipe sur place dont 4 nouveaux admis au cours du mois. En septembre, 10 nouveaux bébés ont été pris en charge, l’effectif total reste à 45.

Contexte :
Bissan Fakih est chargée d’action sur le Moyen-Orient à Amnesty International. Elle est basée à Beyrouth. Dans cet article *, elle partage ses réflexions après une mission organisée par A.I. à Damas – le premier accès officiel de l’organisation à la Syrie depuis le début du soulèvement en 2011. « Bien que je travaille sur la question des disparitions forcées en Syrie depuis plus de 10 ans, et que je connaisse les chiffres estimés, j’ai tout de même quitté la Syrie sous le choc et accablée par l’ampleur du nombre de personnes touchées. De retour à Beyrouth, en feuilletant mon carnet, j’ai vu que j’avais griffonné une note : ‘‘Je ne pense pas avoir été dans une seule pièce en Syrie où il n’y avait pas de personnes ayant survécu à la détention et de familles de disparus.’’ Même loin de notre travail, cette douleur était très présente, partout, et semblait affecter tout le monde »
2° République démocratique du Congo
Notes d’un des nôtres qui a effectué une mission dans la région du 2 au 14 octobre :
« Situation générale de l’Est de la RdC : les rebelles Congolais du M23, largement et ouvertement appuyés par l’armée Rwandaise, ont pris par la lutte armée le contrôle d’environ 2/3 du Nord Kivu et 1/3 du Sud Kivu, territoires qu’ils administrent de manière despotique, souvent cruelle, en tous points contraire aux droits humains. Les grandes villes de Goma et de Bukavu sont tombées depuis le printemps dernier. Le M23 est maintenant à environ 25 km seulement au nord d’Uvira, ville qu’ils convoitent avec insistance, mais leur avancée est bloquée par une coalition de troupes congolaises et burundaises. Les frontières de l’Est sont fermées tant au nord qu’au sud pour tout étranger, faisant que je n’ai pas pu poser le pied sur le sol congolais. C’est à Entebbe (Ouganda) que j’ai pu passer trois jours avec nos partenaires de Goma, puis au Burundi où à tour de rôle nos partenaires du Sud Kivu sont venus travailler avec moi.
L’ensemble de la région est à feu et à sang.
Le soi-disant accord de paix signé à Washington entre la RdC et le Rwanda -dont l’administration Trump se flatte à l’excès-, de même que l’accord de Doha conclu entre la RdC et le M23, n’ont en réalité apporté aucun répit sur le terrain où combats, massacres et exactions les plus graves n’ont absolument pas cessé de sévir. Ces effets de manche diplomatiques sont dérisoires et voudraient tromper l’opinion autant qu’elles se trompent elles-mêmes. »
Lire aussi d’AI Belgique : Le M23 tue, torture et retient des civils en otage dans des lieux de détention. Notre dernière enquête en République démocratique du Congo montre et dénonce les horreurs infligées aux civils par le Mouvement du 23 mars (M23). Les faits constituent des crimes de guerre.
N’empêche !
Avec milles précautions tant pour les équipes partenaires que pour les bénéficiaires de nos actions, le travail se poursuit en s’adaptant aux contraintes du moment et aux dangers guettant tout-un-chacun. Ainsi, pour la sixième année consécutive, nos amis de l’association Protection et Solidarité au Nord Kivu viennent d’accomplir la continuité de notre programme de réintégration scolaire de fillettes qui ont été victimes d’agression sexuelle, drames ayant interrompu les études de chacune d’entre elles. L’équipe avait identifié l’an dernier vingt trois jeunes victimes déscolarisées de force ; nos ressources à disposition n’ont permis d’aider que dix d’entre-elles. Sept ont été réintégrés avec succès dans les écoles primaires et trois en secondaire.
Témoignage de Joyce, 15 ans : ‹‹ …Après ce que j’ai vécu, je pensais que je ne pourrais jamais retourner à l’école, car mon bourreau c’était mon enseignant, j’avais peur du regard des autres enseignants, peur d’être réprimandée par eux pour avoir dénoncé leur ami et collègue, aussi mes amies m’évitaient déjà disant que je suis devenue une femme car connaissant déjà un homme. Mais grâce à Protection et Solidarité j’ai changé d’établissement, j’ai été réintégrée l’école, l’équipe éducative été incroyable, la maman Directrice des Études ma accueillie, juste avec bienveillance. Ses gentils conseils et son suivi régulier sur ma réadaptation m’ont donné une perception positive de l’école…, je suis très contente et je souhaite poursuivre mes études jusqu’à la fin et devenir journaliste, passer à la télé encourager les autres jeunes filles d’étudier. »
Plus au sud dans la Plaine de la Ruzizi, depuis 2020 avec son partenaire l’association ACMEJ, Vivere assure la protection de personnes âgées abandonnées et sans domicile par leur placement dans, puis leur ‘adoption’ par des familles d’accueil, familles rurales et elles-mêmes de condition très modeste mais au grand cœur. L’invasion de la Ruzizi par le M23 a entraîné la fuite massive des habitants et la dispersion aux quatre vents de nos familles d’accueil dont certaines n’ont pas pu emmener la précieuse personne âgée que nous leur avions confiée. Nos amis d’ACMEJ ont aussitôt improvisé des solutions de fortune ici et là. Cette photo montre Zena, l’une de nos protégées réfugiée dans les Moyens Plateaux, pour laquelle les bénévoles ont construit à la hâte une hutte d’habitation et qui lui remettent des vivres pour 3 mois d’autonomie.

Signalons
- Une résolution adoptée le 3 avril 2025 par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies prévoyant la mise en place d’un groupe de travail responsable de rédiger un traité international sur les droits humains des personnes âgées. https://www.amnesty.be/infos/actualites/victoire-convention-personnes-agees
- A.I. Belgique : « Depuis trop longtemps, les personnes âgées ne sont pas considérées comme détentrices de droits, souvent en raison de l’âgisme, c’est-à-dire la discrimination fondée sur l’âge. Abandonné·es, négligé·es, ou maltraité·es, les aîné·es sont largement victimes de stéréotypes, de préjugés, de discrimination et de violence. » 5 ans d’action en faveur des droits des personnes âgées et de lutte contre l’âgisme : carnet de campagne – Amnesty International Belgique
Toujours avec ACMEJ nous poursuivons la prise en charge des soins médicaux pour des civils blessés lors d’agressions commises par des hommes en armes (militaires nationaux ou étrangers, milices, bandits violents). Ces soins sont dispensés par des structures sanitaires locales pour les victimes identifiées comme indigentes et ne disposant d’aucun autre recours possible. D’octobre 2024 à fin juin 2025 ce sont 19 rescapés qui ont ainsi pu être soignés. Hospitalisation et traitement inclus, le coût moyen est de CHF 211,65 par blessé, (€ 228,38).

3° Ukraine : assistance aux déplacés de guerre et aux réfugiés
- Déplacés en Ukraine-même : Les dépenses en nourriture pour la période considérée (trois mois) se sont élevées à 35’722 UAH pour 45 personnes (quarante bénéficiaires d’une aide permanente et cinq nouvelles victimes de la traite des êtres humains), soit 794 UAH par personne, l’équivalant de CHF 15,06 (€ 16,25).
- Réfugiés au Montenegro, juillet et août : 89 personnes (37 adultes et 52 enfants) ont reçu une aide alimentaire. Elles proviennent de Kyiv, Lougansk, Dnepro, Odessa, Kharkiv, Zaporijia, Poltava, Donetsk, Krivoy Rog, Irpen, Sumi, Marioupol et Kherson.

- Réfugiés en Pologne : durant l’été 150 personnes (38 femmes et 112 enfants) ont reçu des produits alimentaires, des vêtements et des produits d’hygiène. Provenance : Sumi, Kyiv, Odessa, Marioupol, Louhansk, Tchernihiv, Kharkiv, Kramatorsk, Slaviansk, Nikolaïev, Zaprozhye, Dnepro, Krivoy Rog, Borislav, Kremenets, Donetsk, Konstantinovka, Melitopol, Kherson, Nova Kakhovka.

-
Témoignage d’une maman : « Je m’appelle E. R, je suis née et j’ai grandi à Zaporizhzhia. La guerre a éclaté, puis les véritables horreurs ont commencé, alors nous avons décidé de quitter la maison avec les enfants. Je suis partie en mars 2022. Mon mari est à la guerre, j’ai moi-même vécu dans un foyer avec mes deux enfants, et maintenant je loue un appartement. C’est difficile pour les enfants. Ils souffrent de troubles psychologiques parce qu’ils veulent rentrer chez eux et ont du mal à s’adapter. Je travaille comme balayeuse dans des entrées d’immeubles. À partir d’aujourd’hui, je ne travaille plus parce que je n’ai pas signé de contrat avec la gérance administrative. Nous arrivions à peine à joindre les deux bouts, mais maintenant, ce sera encore plus difficile. Il est désormais très difficile pour notre famille de se nourrir. Nous demandons de l’aide : votre soutien est indispensable et précieux. »
La réserve de Vivere en fonds pour cette cause-là, dans les 3 pays où nous y travaillons, est presque à sec. Merci à celles et ceux qui lisent cette note et qui auraient la possibilité de contribuer, sachant que chaque sou compte et que la totalité des dons reçus part intégralement sur le terrain.
4° Accusés de blasphème risquant la peine de mort
Pour d’évidentes raisons de sécurité nous ne publions pas le pays dans lequel Vivere travaille pour cette cause avec de courageux avocats locaux. Depuis le début de l’année cette action, très exposée à la rétorsion par de fanatiques religieux violents, enregistre deux succès tellement importants au plan humain :
- L’acquittement en avril d’un garçon mineur mensongèrement accusé de propos impies envers une divinité.
- L’acquittement en septembre d’une femme accusée à tort par un voisin d’avoir torchonné un livre sacré. Notre avocat a démontré au tribunal qu’il s’agissait d’une machination : le voisin accusateur était en fait ami intime et complice du mari de l’accusée qui voulait purement et simplement se débarrasser définitivement de son épouse, y compris en recourant à une manigance qui aurait pu lui coûter la vie !
En vous remerciant de votre soutien ayant permis à ce mouvement de travailler durant vingt-cinq ans au service des causes humaines parmi les plus injustement mises en péril, et avec nos salutations cordiales,
Le comité de Vivere