Brèves Novembre 2022

Chères et chers Membres et Amis,

On vous demande pardon pour le délai depuis les précédentes Brèves, délai dû à un enchaînement assez dense de travaux, de démarches, de recherches de ressources humaines et autres, et de missions (Burundi, RdC et Proche-Orient) pour plusieurs de notre équipe depuis mi-août. Et nous vous remercions de votre temps pour parcourir les nouvelles ci-après en espérant qu’elles retiennent votre attention.

1° Syrie

Nouveaux cas pris en charge pour un complément nutritionnel 15 bébés en août, 23 en septembre et 8 en octobre. Fin octobre l’effectif total est de 75 enfants, dont Muchira et Nour.

Les parents de Nour se définissent comme des émigrés de l’intérieur, vivant sous une tente avec leurs sept enfants, dont les plus grands marchent 4 km par jour pour rallier l’école. Le papa est porteur de caisses, de sacs et de colis au marché local, dont il rapporte le soir quelques restes de légumes et quelques piécettes gagnées au labeur. Pauvreté absolue, ce qui n’empêche que c’est malgré tout le sourire et la bonne humeur qui prévalent dans ce foyer.

La situation est similaire pour la famille de Muchira si ce n‘est que 4 enfants seulement sont sous un toit fragile.

En se rendant le mois dernier dans la région, notre responsable a pu mettre au point avec le partenaire Syrien les adaptations suivantes. Elles tiennent compte de l’enchérissement vertigineux sur place des produits de première nécessité, de la dévaluation constante de la livre syrienne (LS), et de la dispersion géographique des familles aidées entraînant de plus en plus de frais de transport pour les atteindre.

  • L’aide nutritionnelle passe à LS 30’000 par mois (CHF 6,52, € 6,69 au taux actuel), au lieu de 15’000 jusqu’ici.
  • Pour 40 nourrissons, au lieu de 75. Cette diminution sera opérée graduellement au fur et à mesure que l’âge limite sera atteint ; elle répond aux limites logistiques de l’équipe.
  • Les nouveaux cas seront pris en charge de la naissance à 6 mois d’âge, et ce pour une durée maximum de six mois.
  • L’apport alimentaire sera donc adapté à l’âge de l’enfant, alors que jusqu’ici il s’agissait de lait maternisé 1er âge.

Ces dispositions accroissent le budget dépenses de près de 7%.

Quant au budget pour transport et communications de l’équipe Vivere-Syrie, il passe de CHF 240 à 300 par mois.

Rappelons que tous les membres de cette équipe, sans exception, travaillent bénévolement, et ainsi depuis le début de nos opérations en 2014 ce qui atteste de leur dévouement hors du commun.

2° Lutte contre les châtiments infligés aux accusés de blasphème : 2ème succès dans la défense des cas que nous prenons en charge !

Notre mouvement est engagé à la protection de celles et ceux qui, dans plusieurs pays au monde, risquent leur vie sous cette sorte d’accusation relevant d’un autre âge. Dans l’un des pays concernés nous sommes déjà au travail depuis plusieurs mois en assurant la défense légale de plusieurs accusés de blasphème, tant adultes que mineurs. Grâce à l’action courageuse de notre ami avocat sur place il est aujourd’hui bon de partager avec vous ce deuxième résultat suivant le premier que nous vous signalions en mai dernier.

Accusé de blasphème Ali (prénom d’emprunt) fut arrêté le 27 mars 2021 à l’âge de 16 ans.  Il risquait la peine de mort. Sa famille a dû fuir le village par peur de représailles. Ses accusateurs ayant été désavoués durant les audiences, Ali fut acquitté par jugement du 16 juillet 2022 après seize longs mois de détention.

Quelle qu’en soit la forme, écrits de soutien, documentations précises, témoignages, archives visuelles, contribution financière, nous vous prions et vous remercions de bien vouloir accorder main-forte à ce travail. Nous avons une liste nominative de trente-neuf autres accusés de blasphème incarcérés et en cours de jugement mais ne bénéficiant à présent d’aucune défense. 

3° Colombie

Bonnes nouvelles reçues de notre partenaire Atucsara sur l’action à Magangué auprès de populations déplacées suite aux violences. Depuis 2004 Vivere appuyait Atucsara et dès 2020 le but était le rétablissement des droits alimentaires de familles en difficulté due à leur situation de déplacement, aggravée par la pandémie de Covid 19. Début 2022 le but poursuivi était l’amélioration des conditions de vie de 50 familles grâce à un projet d’élevage de volailles, non seulement par la vente mais aussi par son utilisation pour l’alimentation familiale.  De ces 50 familles, 47 ont fait du bénéfice avec l’élevage et la vente de la volailles. Les 3 familles qui n’ont pas vraiment bénéficié sont toujours suivies dans le cadre du projet.

4° Ukraine

  • Reprise de la défense légale de victimes du trafic d’êtres humains

Suite à la destruction du tribunal de Kharkiv dès le début de la guerre, toutes nos procédures en justice visant l’incrimination des trafiquants et la protection des victimes avaient forcément été interrompues. Les autorités locales ayant décidé que les dossiers en cours pouvaient être transférés en septembre au tribunal de Poltava pour réactiver l’instruction des affaires, notre avocat y a repris le travail, en assurant le transport des victimes appelées en audience.

  • Crimes de guerre

Des massacres de civils ont été commis par les troupes Russes dans plusieurs localités d’Ukraine. À l’Est du pays, notamment à Balakley et à Izyum récemment libérés de l’occupation, des charniers ont été découverts ; il est fort à présumer qu’il s’agisse de crimes de guerre. Avec l’appui financier du Secours Populaire Français nous avons décidé, avec notre ami et avocat Gennady, d’instruire plusieurs cas susceptibles d’être juridiquement qualifiés de crimes de guerre pour mener une recherche en responsabilité pénale.

Extrait d’un article de Florence Aubenas publié le 4 octobre dernier dans Le Monde :

« 32 650 procédures ouvertes pour crimes de guerre en sept mois, annonçait le ministère ukrainien de la justice, le 15 septembre, le jour où de nouvelles exactions étaient encore découvertes à Izyum, dans l’est du pays, territoire tout juste libéré de l’occupation russe. Or, combien de cas pourraient être jugés par les juridictions internationales, à La Haye ou Strasbourg, si elles s’en saisissaient ? Une vingtaine peut-être, les plus retentissants. En revanche, ce sera à la justice nationale de traiter les autres, soit 99,99 % des procédures. »

  • Assistance aux réfugiés Ukrainiens en Pologne

Olga et nos collègues de l’association Avenir poursuivent l’aide en produits de première nécessité aux mères seules avec enfants à charge, d’autant plus nécessaire qu’on constate, en Pologne comme dans d’autres pays d’accueil, un net affaiblissement de l’aide publique et privée à ces réfugiés. Les élans solidaires massifs de l’été dernier se raréfient de plus en plus.

5° Pakistan

  • Inondations

Les médias ont assez largement couvert le désastre lui-même au moment du déluge, mais beaucoup moins l’étendue des conséquences humaines où la dévastation s’impose comme malheureusement durable. Notre partenaire local, l’association Sanjog, s’est départi de ses activités habituelles pour collecter et distribuer des secours aux sinistrés de 3 provinces. Quelques images :

  • Campagne et actions multiples pour l’abolition de la peine de mort et de l’emprisonnement à vie infligés à des mineurs

Avec une forte implication de Vivere pour la conception du texte, nos partenaires l’association LAW au Pendjab et MRDO dans le Sindh ont chacun adressé à leurs autorités judiciaires et politiques respectives un « cahier de doléances » posant un constat d’ensemble sur les défaillances graves de la justice juvénile, puis dressant une série d’exigences précises visant le plein respect des droits de l’enfant en conflit avec la loi selon les normes internationales. Les châtiments extrêmes, tels que possibles à présent, devraient évidemment être exclus à jamais. Le texte est transmis à plus de 400 dirigeants de ces deux provinces. Sur simple demande nous le ferons rapidement parvenir sur votre adresse email.

Une conférence de presse a été tenue le 16 septembre à Lahore pour saisir l’opinion publique de la gravité et de la dynamique de ce cahier de doléances. Une conférence similaire sera organisée à Karachi dans les jours qui viennent.

Séances de sensibilisation et de formation d’acteurs du monde judiciaire et de la probation : elles visent à ce qu’ils/elles maîtrisent les outils de droit auxquels ils peuvent et doivent recourir pour contrer, devant les tribunaux, les réquisitions extrêmes auxquels des enfants (au moment des faits qui leur sont reprochés) risquent d’être exposés. Les 7 événements présentés ci-dessous ont permis de collaborer avec plus de deux cents professionnels à travers 3 provinces du pays : Punjab, Sindh et Khyber Pakhtunkhwa. Cette action d’envergure vise à rectifier des aspects défaillants dans la justice juvénile en assurant à chaque enfant en conflit avec la loi un traitement légalement compatible avec son âge, à l’écart des châtiments insoutenables.

Kashmore, 18 mai 2022
Jhelum, 26 mai 2022
Lahore, 22 et 23 juin 2022
Manshera, juillet 2022
Ksur, août 2022
Karachi, septembre 2022
Hyderabad, 7 et 8 septembre 2022

En vous remerciant toujours de votre attention sur ce travail, et à votre disposition pour tout renseignement que vous pourriez souhaiter recevoir.

Avec notre meilleure considération,

Le comité de Vivere