Brèves Mars 2023

Chères et chers Membres et Amis,

1° Syrie:

Dans les conditions encore aggravées par les séismes, le mois dernier notre équipe sur place a assuré des compléments nutritionnels à 40 bébés, dont 20 nouveaux cas et 20 suivis précédemment. Le recadrage des critères de prise en charge ainsi qu’une augmentation de l’allocation mensuelle par enfant, exposés dans de précédentes Brèves, expliquent la diminution du nombre total de bénéficiaires.

Extraits d’un article publié par France 24* le 21 février : 

‘‘Après 12 ans de guerre, les séismes du 6 février ont mis à genou un pays déjà en proie à une grave crise humanitaire, économique et sécuritaire. Sous le coup de sanctions internationales depuis 2011, la Syrie est toujours divisée entre les zones sous contrôle du président Bachar al-Assad et celles aux mains des rebelles. Malgré les appels à augmenter d’urgence l’aide humanitaire, les camions peinent à traverser la frontière turque, y compris par les points de passage garantis par les Nations unies. À Damas, seuls des avions chargés d’aide humanitaire affrétés par les pays arabes arrivent régulièrement: Algérie, Tunisie, Jordanie, Arabie saoudite, Liban… Les États-Unis, la France et nombre de pays européens refusent d’apporter leur aide directement au gouvernement syrien après des années de rupture de tout lien diplomatique…

Les Syriens sont en colère contre l’Occident. Par contre, il y a eu une générosité sans pareille des Syriens entre eux, notamment de la diaspora…

Tout le pays est à reconstruire. Il était déjà détruit par la guerre, mais avec le séisme, l’économie, qui était déjà moribonde, est au point mort. L’inflation est terrible : l’euro, qui était à 60 livres syriennes, est passé au plus fort du conflit à 7 000 livres syriennes…

Les Syriens souffrent, ils sont à bout. Douze ans de guerre, puis le Covid, puis une épidémie de choléra et maintenant les séismes… Les gens n’en peuvent plus. Les gens rêvent de quitter le pays, qui s’est déjà vidé de son élite…Il est temps d’arrêter cette souffrance en levant les sanctions pour permettre des investissements. Les sanctions ne servent absolument à rien. On les a imposées à Cuba pendant 60 ans, ça n’a pas changé le régime. On les a imposées à la Corée du Nord, ça n’a pas changé le régime. Elles sont inefficaces. Elles font souffrir le peuple. Les dirigeants ne sont pas touchés. C’est le peuple qui paye le prix de ces sanctions. Ça ne pousse ni à des négociations de paix, ni au respect des droits humains, ni à lutter contre la corruption. Il est temps d’avoir une politique humaine et plus réaliste.’’

* https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20230221-face-à-l-absence-d-aide-internationale-les-syriens-sont-en-colère-contre-l-occident

2° Pakistan : campagne et actions multiples pour l’abolition de la peine de mort et de l’emprisonnement à vie infligés à des mineurs

Ce mois de mars a été très actif dans deux provinces du pays, Balûchistân et Pendjab, où Mike était en mission sur place pour soutenir et évaluer les travail de nos partenaires. Malgré toutes les précarités endurées par le peuple (gouvernants iniques, radicaux islamistes, armée n’obéissant qu’à elle-même, séparatismes violents, inondations dévastatrices, inflation record à plus de 30%), les professionnels impliqués dans la justice juvénile viennent en nombre aux forums & ateliers que nous organisons avec une soif d’apprendre manifeste tel qu’illustré ci-dessous. Il s’agit toujours de sensibiliser et de former des acteurs du monde judiciaire et de la probation. L’action vise à ce qu’ils/elles maîtrisent les outils de droit auxquels ils peuvent et doivent recourir pour contrer, devant les tribunaux, les réquisitions extrêmes auxquels des enfants (au moment des faits qui leur sont reprochés) risquent d’être exposés en encourant la peine de mort ou l’emprisonnement à vie.

La mission sur place a permis aussi de :

  • Confirmer la collaboration avec un nouveau jeune avocat du Penjab pour étendre l’assistance légale à davantage de mineurs incarcérés.
  • Élaborer le projet d’un recensement des mineurs détenus au Balûchistân et au Khyber Pakhtunkhwa sous des inculpations et dans des conditions contraires à leur droit.
  • Envisager l’extension de notre travail dans la province du Cachemire.
  • Mener une première recherche de terrain de victimes du trafic d’êtres humains.
Loralai, Balûchistân 15 mars
Quetta, Balûchistân 16 mars
Taxila, Pendjab 21 mars

3° Lutte contre le trafic d’êtres humains

Selon le flyer ci-après les amis Genevois de Ste Clotilde ont organisé un concert gratuit en faveur de l’éradication de la traite et du trafic d’êtres humains, le 10 mars au Victoria Hall Genève. Les responsables ont tenu à y associer Vivere, compte tenu de l’engagement de notre mouvement dans ce domaine. Salle comble, attentive aux discours d’introduction comme aux projections illustrant la gravité et la magnitude de ce trafic. Trois témoignages enregistrés par des partenaires de Vivere en Ukraine et en Transnistrie ont été montrés sur écran géant (ils seront bientôt disponibles sur notre site).

Cet événement a permis de sensibiliser un large public et de nombreux diplomates d’une vingtaine de pays conviés à la soirée.

4° Ukraine

Le 24 février dernier marquait une première année de la guerre déclenchée par la Russie en 2022. Grâce à la confiance et aux ressources que vous avez spontanément accordées à Vivere dès le début du conflit nous avons pu mouvoir, sans discontinuer un seul jour depuis lors, une aide multiforme à des centaines de victimes Ukrainiennes déplacées ou réfugiées. Les échanges avec nos partenaires sur le terrain sont quasi quotidiens. Leur ayant assuré de notre solidarité totale par des messages le 24 février, voici un extrait des réponses reçues :

“Thank you for your empathy and support, dear Mike! It means a lot to me personally. The times are hard, but my country will overcome. Please send my kindest regards to your fellow companions in Vivere! 
Bogdan »

“Dear Mike, I’m crying while reading the message…. Thank you and your team for your concern, I really feel it. Warmest regards,
Olga and Avenir.”

“Dear Mike! Thanks for the kind words of support, they help me a lot. It’s hard for me to imagine how it was without your help and the help of VIVERE at this difficult time.
I’m in Izium now.  The victim, who was raped by five people, identified two perpetrators.
In Kharkiv, we have a new criminal case of human trafficking – sexual exploitation of girls with physical violence and imprisonment.
Yours, Gennady.»

Gennady évoque la ville d’Izyum dans sa note. L’action que nous y menons avec ce brave est d’assurer la défense légale de victimes de crimes de guerre. L’environnement montré par les photos qu’il nous confie est dantesque :

  • Publication récente de l’UN-HCR, extrait : On estime à environ 17,6 millions le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire urgente en Ukraine, parmi lesquelles plus de 5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. En février 2023, plus de 8 millions de réfugiés en provenance d’Ukraine étaient enregistrés à travers l’Europe, dont 4,8 millions bénéficiaient d’une protection temporaire ou de programmes de protection nationaux similaires.
    https://www.unhcr.org/fr/urgence-ukraine.html
  • Crimes de guerre : comme annoncé dans les Brèves de novembre dernier, avec l’avocat Gennady nous avons impulsé l’instruction de plusieurs cas susceptibles d’être juridiquement qualifiés de crimes de guerre pour mener une recherche en responsabilité pénale. À ce jour nous sommes engagés à la défense légale des cas suivants dont les survivants sont résolus à porter plainte :
    • En septembre dernier à Kupyansk des soldats Russes ont mitraillé un convoi de véhicules de civils qui fuyaient les combats. Dans l’une des voitures les parents d’un garçon de 4 ans ont été tués sur le coup. L’enfant a été enlevé par les assaillants et on n’a plus de nouvelles de lui depuis lors.
    • A Izyum une femme a été kidnappée, brutalisée, violée par des militaires Russes. Elle a survécu à ce calvaire.
    • En juillet 2022 à Shevchenkove un fermier qui refusait de céder sa maison a été abattu devant son épouse et d’autres cultivateurs.
    • À Izyum une jeune femme de 21 ans a été torturée et violée par cinq soldats Russes.
    • À Izyum un homme de 46 ans a été torturé plusieurs jours durant pour l’obliger à dénoncer des compatriotes résistant à l’occupation, alors qu’en réalité il n’en connaissait aucun.

Notre action est menée bien sûr en étroite collaboration avec les procureurs des tribunaux compétents, de même avec les enquêteurs assurant la liaison avec la Cour Pénale Internationale (CPI).

En rapport avec le 1er cas de la liste ci-dessus on peut se référer à l’alerte publiée le 17 février 2023 par AVAAZ : ‘‘Des enquêteurs viennent de confirmer qu’au moins 6000 enfants ukrainiens ont été enlevés avant d’être placés en camps de rééducation ou victimes d’adoptions forcées en Russie. Et pour beaucoup de parents, il est presque impossible de les retrouver.’’

Nous vous encourageons à signer la pétition:
https://secure.avaaz.org/campaign/fr/ukraine_stolen_children_loc/?cCEFyab

  • On apprend que le président Russe Vladimir Poutine, ainsi que Maria Alekseyevna Lvova-Belova, commissaire présidentielle aux droits de l’enfant en Russie, font l’objet d’un mandat d’arrêt international émis le 17 mars par la CPI au motif de la déportation illégale et massive d’enfants Ukrainiens. Une telle inculpation est dans la droite ligne du principe que Vivere a mis en œuvre dans son travail de terrain depuis des années dans plusieurs pays : lutter contre l’impunité avec tous les moyens du droit.

En vous remerciant toujours de votre attention sur ce travail, et à votre disposition pour tout renseignement que vous pourriez souhaiter recevoir.

Avec notre meilleure considération,

Le comité de Vivere