Chères et chers Membres et Amis,
En vous souhaitant une bel été nous vous remercions de votre temps pour parcourir les nouvelles ci-après en espérant qu’elles retiennent votre attention.
1° Syrie
Au mois de mars, 40 familles ont reçu le soutien en complément de lait pour leur nourrisson, dont 8 nouvellement identifiées. Parmi elles 6 sont émigrées avec tout ce que cela implique en précarité dans le logement, la recherche d’emploi, et l’absence de réseau familial ou social.
Immergées dans une guerre interminable, presque oubliées ou en tous cas souvent coupées du monde, le quotidien des familles accompagnées par l’équipe de Vivere-Syrie reste d’une grande fragilité. Ils ne voient pas le bout, on ne voit pas la fin.
Sans jouer du misérabilisme on peut dire que leurs conditions de vie sont inacceptables, inadmissibles. Mais cela n’altère pas leur dignité, ni leur envie et leur droit d’avenir.
C’est le cas de la famille de Samir (nom d’emprunt) émigrée de Darha au sud du pays, avec leurs deux enfants. Ils fuient la violence, les affrontements de leur région d’origine, maintenant que le père vient de finir, enfin, les neuf ans du service militaire obligatoire.
En mai treize nouveaux bébés ont été pris en charge pour un complément nutritionnel, en plus des 27 déjà assistés le mois précédent. Les cas de nouveaux nourrissons proviennent de familles en situation rendue vulnérable par le conflit : 7 viennent de familles émigrées dont les conditions de logement sont très difficiles ; les pères de 6 enfants ont dû combattre au front ou sont réservistes. On y compte des blessés de guerre avec des séquelles graves, dont un décédé. Cette photo nous montre l’enfant Line :
À consulter : « 12 ans de conflit en Syrie : l’aide d’urgence doit être dépolitisée » affirme Geir Pedersen, envoyé de l’ONU dans la publication du 28.04.2023 : https://news.un.org/fr/story/2023/04/1134647
2° Ukraine – Transnistrie
Lors de sa mission sur place du 2 au 14 juin auprès de tous nos courageux partenaires qui sont restés à pied d’œuvre dans ces deux pays, Mike H. a évalué l’ensemble des activités soutenues par Vivere. Elles se déclinent sur 3 axes :
1. Assistance et protection de victimes du trafic d’êtres humains, et prévention du trafic (depuis 2004)
La guerre en Ukraine a forcément impacté ce travail mais sans jamais pourtant l’avoir forcé à l’arrêt. La destruction de certains tribunaux et l’exil de nombreux acteurs du judiciaire ont infligé des retards et décentralisations de procédures que nous avons impulsées pour faire juger des trafiquants et leurs complices. Les victimes plaignantes ont bien sûr beaucoup plus de mal à se rendre aux audiences. N’empêche : nous avons à présent 16 procès en cours dans les régions de Zhytomyr et de Kharkiv.
Cette action inclut aussi des initiatives et des animations pour la prévention du trafic auprès de personnes vulnérables visées par les trafiquants : adolescents orphelins, mères seules, chômeurs, paysans sans terre. Nous devons redoubler d’efforts dans ce domaine car le contexte de guerre est un moment de prédilection pour les mafias à l’affut de ‘proies faciles’ : personnes déracinées, ayant perdu leur occupation habituelle, familles éclatées, soutiens de famille enrôlés dans l’armée, tués ou en fuite, etc.
2. Assistance aux Ukrainiens réfugiés à l’étranger ou déplacés de force dans leur pays (depuis mars 2022)
Le concept est simple : identifier parmi les flots de personnes arrachées à leur quotidien, se trouvant dans un lieu d’accueil lointain et plus ou moins rassurant, celles dont la vulnérabilité est la plus pénible. Puis répondre à leurs besoins vitaux : nourriture, soins de santé, médicaments, produits d’hygiène, soutien psychologique. À l’Est de l’Ukraine une vingtaine de déplacés sont assistés chaque mois. En Pologne (région de Cracovie) une cinquantaine de mères & enfants sont bénéficiaires mensuellement. À travers la Transnistrie notre partenaire a effectué les secours suivants :
- Du 1er mars au 31 décembre 2022, 368 refugiés ont bénéficié de 517 services.
- Du 1er janvier au 31 mai de cette année, 561 réfugiés ont bénéficié de 907 services.
3. Instruction de crimes de guerre (depuis décembre 2022)
La tragédie du massacre de Boutcha, commis par les troupes Russes entre le 27 fév. et le 31 mars 2022, a eu des répliques dans d’autres régions ukrainiennes, notamment à Izyum, localité occupée par les forces d’invasion d’avril à mi-septembre 2022. Après sa libération on a exhumé des fosses communes 450 cadavres, hommes, femmes, enfants, vieillards. Ces civils ont été tués soit lors de bombardements soit exécutés. Maintes dépouilles portaient des traces de supplices ; des caves ayant servi de salles de torture ont été découvertes. Selon la justice Ukrainienne, tout comme l’édicte la Cour Pénale Internationale, de tels faits sont qualifiés de crime de guerre. Des procédures d’enquête et des sanctions ad hoc sont rigoureusement définies par ces instances pénales. Avec notre partenaire local, l’avocat Gennady, nous avons décidé de soutenir 5 victimes survivantes ayant déposé une plainte en justice. Ce travail se fait en étroite collaboration avec la police et les tribunaux locaux chargés de l’instruction de ces crimes. Accompagné du procureur d’Izyum et d’une procureure spéciale dépêchée par Kiev, Mike a pu se rendre sur place. Une des affaires a déjà été conclue en jugement : les 4 militaires Russes tortionnaires d’un civil, faits prisonniers par la suite, sont condamnés à 11 années de détention.
Trois de nos principaux partenaires dirigeant aujourd’hui le travail expliqué ci-dessus ont enregistré de courts témoignages que vous pouvez entendre sur notre site au lien : https://www.vivere.ch/actualites-et-medias/#uael-video-gallery-8e8c913-2
Signalons que la Suisse s’engage pour la protection des populations civiles dans les conflits, voir ce communiqué : https://www.eda.admin.ch/eda/fr/dfae/dfae/aktuell/newsuebersicht/2023/03/jahrestag-butscha.html
3° Sud et Nord Kivu, R.d.Congo
- Notre 37ème opération de Chambre foraine s’est tenue du 27 au 31 mars à Lumanya-Kichula, Minembwe, province de Fizi. Cinq affaires ont été jugées : un viol d’enfant, un meurtre, un vol à mains armées, deux cas de détention illégale d’armes de guerre. L’un des condamnés a écopé de 7 ans de réclusion, et les quatre autres chacun de 20 ans de réclusion.
- Protection durable de vieillards abandonnés, sans ressources, sans toit, sans autre recours : dans le village de Katogota, province d’Uvira, avec l’ACMEJ nous avons lancé depuis 3 ans la prise en charge, en milieu familial, de quatre personnes âgées trouvées dans le dénuement total. Afin qu’elles puissent cheminer vers la fin de vie dans une famille d’adoption attentive, et à l’abri des affres de l’errance. Simon N. s’est éteint doucement, avec l’entourage et les soins nécessaires jusqu’au dernier moment. Nous avons donc offert à Jeannette M. un accueil protégé.
- Les amis d’Amnesty International Belgique diffusent cette pétition que nous soutenons pleinement. Travaillant depuis octobre 2015 dans cette région, notamment au secours de victimes civiles de violences commises par des hommes en armes, nous confirmons l’ampleur et la gravité des faits dénoncés dans cette alerte. Vivere vous encourage à la consulter et à signer cet appel :
https://www.amnesty.be/veux-agir/agir-ligne/petitions/article/justice-victimes-meurtres-viols-masse-perpetres
- Dans le contexte de cette agression armée massive au Nord Kivu durant laquelle les milices délictueuses n’hésitent pas à attaquer les populations éperdues entassées dans de précaires camps de déplacés en brousse, nous sommes intervenus à la demande de notre partenaire ‘Protection & Solidarités’, Goma, pour exfiltrer et protéger sept militantes des droits humains en danger de mort comme telles. L’opération de sauvetage a réussi. Coût total pour Vivere : CHF 1’498 (€ 1’530).
En vous remerciant toujours de votre attention sur ce travail, et à votre disposition pour tout renseignement que vous pourriez souhaiter recevoir.
Avec notre meilleure considération,
Le comité de Vivere